Un projet du Programme de Recherches La Bible en ses traditions AISBL
Dirigé par l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem
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1 Or la fête des Azymes, appelée la Pâque, approchait.
2 Et les grands prêtres et les scribes cherchaient comment le tuer
car
Vmais ils craignaient le peuple.
3 Satan entra dans Judas, appelé
Vsurnommé Iscariote,
qui était du nombre
Vl'un des Douze.
4 et il s’en alla parler avec les grands prêtresS, les scribes et les officiers Sdu Temple
sur la manière de le leur livrer.
5 Et ils se réjouirent et convinrent de lui donner de l’argent.
6 Et il acquiesça
et il cherchait une occasion favorable pour le leur livrer sans la foule
V les foules.
6 Et il acquiesça
et il cherchait une occasion favorable de le leur livrer sans la foule
V les foules.
7 Vint le jour des Azymes, où l’on devait sacrifier
Sil était coutume que soit sacrifier la Pâque.
8 Et il
SJésus envoya Pierre et Jean en Sleur disant :
— Allez nous préparer la Pâque pour que nous la mangions.
9 Ils lui dirent :
— Où veux-tu que nous la préparions ?
10 Il leur dit :
— Voici qu'à votre entrée dans la ville, un homme portant une cruche d’eau viendra au-devant de vous.
Suivez-le dans la maison où il pénétrera,
11 et vous direz au propriétaire
V père de famille de la maison :
— Le MaîtreByz V TR Nes te dit :
— Où est la salle où avec mes disciples je pourrai manger la Pâque ?
12 Et lui vous montrera, à l'étage, une grande pièce garnie ; là, préparez.
12 Et il vous montrera un grand cénacle meublé ; et là, préparez.
13 S'en allant donc, ils trouvèrent comme il leur avait dit
et ils préparèrent la Pâque.
14 Et lorsque l’heure fut venue, il
SJésus se mit à table, et les Byz V S TRdouze apôtres avec lui.
15 Et il leur dit :
— J’ai désiré d'un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir.
16 Car je vous le dis
que jamais plus je ne la mangerai
Vje ne la mangerai plus désormais
jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.
17 Et, ayant pris une coupe
Vle calice, rendu grâce, il
Vil rendit grâces et dit :
— Prenez ceci
V— Prenez et partagez entre vous.
17 Ø
18 Car, je vous le dis, je ne boirai plus du produit de la vigne
jusqu’à ce que vienne le royaume de Dieu.
18 Ø
19 Et, ayant pris du pain, rendu grâce
Vil rendit grâces, il le rompit et le leur donna en disant :
— Ceci est mon corps donné
Vqui est donné pour vous.
Faites ceci en mémoire de moi.
20 De même, il prit Spour la coupe
Vle calice après qu’il eut soupé, disant :
— Cette coupe est
VCeci est le calice, la nouvelle alliance en mon sang Vqui est répandu pour vous.
21 Mais voici que la main de celui qui me livre est avec moi sur la table.
22 Car le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été établi
mais malheur à cet homme par qui il est livré !
23 Et ils commencèrent à se demander entre eux qui était Byz S TR Nesdonc parmi eux celui qui allait faire cela.
24 Survint aussi une dispute parmi eux pour savoir lequel d'entre eux semblait être le plus grand.
25 Il leur dit :
— Les rois des nations dominent sur elles
et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
26 Pour vous il n'en est pas ainsi
mais que le plus grand parmi vous devienne comme le plus jeune
et celui qui gouverne comme celui qui sert.
27 Qui est en effet le plus grand :
celui qui est à table ou celui qui sert ?
N’est-ce pas celui qui est à table ?
Or, moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert !
28 Vous êtes, vous, ceux qui sont restés constamment avec moi dans mes épreuves
Vtentations ;
29 et moi, je dispose pour vous d'un
Svous promets le royaume comme mon Père en a disposé pour moi
Sme l'a promis
30 afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume
et que vous siégiez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
31 Et le Seigneur dit : Simon,
SEt Jésus dit à Simon:
NesSimon, Simon, voici que le Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
31 Et le Seigneur dit :
— Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
32 Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas
et toi, quand tu seras revenu
Sà temps, reviens et
Vquand tu seras converti, affermis tes frères.
33 Celui-ci lui dit :
— Seigneur, avec toi je suis prêt à aller et en prison et à la mort.
34 Et [Jésus] dit :
— Je te dis, Pierre :
Un coq ne chantera pas aujourd’hui
que, trois fois, tu n’aies nié me connaître.
35 Et il leur dit :
— Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni besace, ni sandales
quelque chose vous a-t-il manqué ?
Et ils dirent : — Rien.
36 Il leur dit :
— Mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne
de même aussi celui qui a une besace
et que celui qui n’en a pas vende son manteau pour acheter un glaive.
37 Car je vous dis :
Byz V S TR— Encore ce qui est écrit doit s'accomplir en moi :
Il a été compté avec les méchants.
Aussi bien,
Stout ce qui me concerne touche à sa fin.
38 Mais ils Vlui dirent :
— Seigneur, voici deux glaives.
Il leur dit :
— Ça suffit.
39 Et, étant sorti, il se rendit comme de coutume au mont Sde la maison des Oliviers
et les
Byz S TRses disciples aussi le suivirent.
40 Arrivé
VEt lorsqu'il fut arrivé sur le lieu, il leur dit :
— Priez, pour ne pas entrer en tentation.
41 Et il s'arracha d’eux à environ
Vla distance d'un jet de pierre
et, s’étant mis à genoux, il priait
42 en disant :
— Père, si tu veux, éloigne de moi ce calice.
Pourtant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne.
43 Et lui apparut un ange du ciel qui le réconfortait.
43 Et lui apparut un ange du ciel qui le réconfortait
et, entré en agonie, il priait encore plus.
44 Et, entré en agonie, il priait plus instamment
et sa sueur devint comme des caillots de sang qui descendaient jusqu'à terre.
44 Et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui descendaient jusqu'à terre.
45 Et se relevant de la prière,
venant vers les disciples
il les trouva assoupis de tristesse,
45 Et lorsqu'il se leva de la prière
et vint vers ses disciples,
il les trouva dormant à cause de leur tristesse,
46 Et il leur dit :
— Quoi, vous dormez ?
Levez-vous, priez pour ne pas entrer en tentation.
47 Comme il parlait encore, voici une foule
et le nommé Judas, l'un des Douze, marchait devant eux
et s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
SCar il leur avait donné ce signe: Celui à qui je donne un baiser, c'est lui.
48 Jésus lui dit :
— Judas, par un baiser tu livres le Fils de l’homme !
49 Ceux qui étaient autour de
Savec lui, voyant ce qui allait arriver, Byz V TRlui dirent :
— Seigneur, si nous frappions du glaive ?
50 Et l’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre
et lui coupa son oreille, la droite.
51 Prenant la parole, Jésus dit :
— Laissez [faire] jusque là !
Et, touchant son Byz S TR Nesbout d'oreille, il le guérit.
52 Et Jésus dit à ceux qui étaient arrivés
Vvenus contre lui,
grands prêtres, officiers du temple et anciens :
— Comme pour un brigand vous êtes sortis avec glaives et bâtons !
53 Alors que chaque jour j’étais avec vous dans le Temple
vous n’avez pas mis la main sur moi.
Mais c’est votre heure et le pouvoir de la ténèbre.
Vdes ténèbres.
54 L'ayant saisi, ils Byz TR Nesl'emmenèrent et l’amenèrent et le firent entrer dans la maison du grand prêtre.
Or Pierre
SSimon suivait de loin.
54 Se saisissant de lui, ils l’amenèrent dans la maison du grand prêtre.
Or Pierre suivait de loin.
55 Comme ils avaient allumé un feu au milieu de la cour
et s'étaient assis ensemble
Vautour,
Pierre s’assit
Vétait au milieu d'eux.
56 Une servante, le voyant assis près de la lumière,
le fixa des yeux et dit :
— Celui-ci était aussi avec lui !
57 Mais il nia, disant :
— Femme, je ne le connais pas.
Nes— Je ne le connais pas, femme.
58 Et un peu après, quelqu'un d'autre Slui dit en le voyant :
— Toi aussi, tu en de ces gens-là.
Mais Pierre déclara :
V— Ô, Homme, je n’en suis pas.
59 Et après un intervalle d'environ une heure
un autre affirmait, disant :
— En vérité, celui-ci était aussi avec lui, et d'ailleurs, il est Galiléen.
60 Mais Pierre dit :
— Homme, je ne sais ce que tu dis.
Et à l’instant même, tandis qu'il parlait encore, chanta un coq.
61 Et se retournant, le Seigneur
S Jésus fixa Pierre
et Pierre
SSimon se rappela la parole du Seigneur comme il lui avait dit :
— Avant qu'un coq chanteByz V S TR aujourd'hui, tu me renieras trois fois.
62 Et, sortant dehors, il pleura amèrement.
63 Et les hommes qui le détenaient
Byz S TRdétenaient Jésus le bafouaient en le battant
en le voilant.
64 Et lui ayant mis un voile, ils l’interrogeaient en disant :
— Prophétise ! Qui est-ce qui t’a frappé ?
64 Et ils le voilèrent
et le frappaient au visage
et l’interrogeaient en disant :
— Prophétise ! Qui est-ce qui t’a frappé ?
64 Et le frappant au visage, ils disaient :
— Prophétise ! Qui est-ce qui t’a frappé ?
65 Et blasphémant ainsi, ils disaient beaucoup d'autres choses contre lui.
66 Et quand il fit jour
se rassemblèrent le conseil des anciens Byz TR Nesdu peuple
grands prêtres et scribes
et ils l’emmenèrent dans leur Sanhédrin.
66 Et quand il fit jour
se rassemblèrent les anciens du peuple, les princes des prêtres et les scribes
et ils l’emmenèrent dans leur conseil, disant :
— Si tu es le Christ, dis-le nous.
67 et dirent :
— Si toi, tu es le Christ, dis-le-nous
Il leur dit :
— Si je vous [le] dis, vous ne croirez pas ;
67 Il leur dit :
— Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
68 et si je vous interroge
Sj'interroge, vous ne me répondrez pas ni me relâcherez.
68 et si je vous interroge, vous ne répondrez pas.
69 Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu.
70 Ils dirent tous :
— Es-tu donc le Fils de Dieu ?
Il leur déclara
Vrépondit :
— Vous dites que je le suis.
71 Ils dirent :
— Qu’avons-nous encore besoin de
V— Pourquoi désirons-nous encore un témoignage ?
Car nous-mêmes nous l'avons entendu de sa bouche.
23,1 Et toute la multitude s'étant levée
ils l'amenèrent devant Pilate
23,2 et ils commençèrent à l’accuser, disant :
— Celui-ci, nous l'avons trouvé renversant notre nation !
Défendant de payer les impôts
Vle tribut à César
et se disant Byz S TR Neslui-même être Christ roi !
23,3 Pilate l’interrogea, disant :
— Es-tu le roi des Juifs ?
Mais répondant, il Byz S TR Neslui déclara :
— Tu le dis.
23,4 Pilate dit aux grands prêtres et aux foules :
— Je ne trouve aucun chef d'accusation contre cet homme.
23,5 Mais ils insistaient
Scriaient, disant :
— Il soulève le peuple, enseignant à travers toute la Judée
commençant par la Galilée jusqu’ici.
23,6 Pilate, ayant entendu Galilée,
Sle nom de Galilée, demanda si l’homme était Galiléen.
6 Pilate, entendant « la Galilée »
demanda si l’homme était Galiléen.
23,7 Et ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode
il le renvoya à Hérode
qui était lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
23,8 Hérode, en voyant Jésus, se réjouit fort
car, depuis assez longtemps, il désirait le voir
parce qu'il entendait beaucoup parler
V Nesparce qu'il avait entendu dire beaucoup de choses sur lui
et qu'il espérait voir quelque signe accompli par lui.
23,9 Il l'interrogeait avec bon nombre de paroles
mais lui
S Jésus ne répondit rien.
23,10 Cependant, se tenaient là, les grands prêtres et les scribes l’accusant avec véhémence.
Vsans relâche.
23,11 Hérode, avec ses troupes
Set ses serviteurs, après l'avoir méprisé et l'avoir bafoué, le revêtit d'un habit éclatant de blancheur
Sd'habits de pourpre
et le renvoya à Pilate.
11 Hérode, avec sa troupe, le méprisa et se joua de lui après l'avoir revêtu d'un habit blanc
et il le renvoya à Pilate.
23,12 Pilate et Hérode
V NesEt Hérode et Pilate devinrent amis Byz S TR Nesl'un de l'autre en ce jour Smême
car auparavant ils étaient en inimitié
Vcar auparavant l'un l'autre étaient ennemis.
23,13 Pilate, ayant convoqué les grands prêtres, les chefs
Vmagistrats et le peuple,
23,14 leur dit :
— Vous m’avez présenté cet homme comme détournant le peuple
et voici que moi, après l'avoir interrogé
Vl'interrogeant devant vous,
je n’ai trouvé dans cet homme aucun des motifs
Vaucun chef d’inculpation
dont
Vde ce dont vous l’accusez,
23,15 ni Hérode non plus, car je vous ai renvoyés à lui et voilà que rien n'a été fait par lui qui mérite la mort.
15 ni Hérode non plus, car je l'ai renvoyés chez lui
et voilà que rien n'a été fait par lui qui mérite la mort.
15 ni Hérode non plus, car il nous l’a renvoyé et voilà que rien n’a été fait par lui qui mérite la mort.
23,16 Je le relâcherai donc après l’avoir fait châtier.
23,17 Or, il était obligé
Sde coutume de leur remettre quelqu’un pendant la fête.
17 Or, il était obligé de leur remettre quelqu'un pendant la fête,
23,18 Mais ils s'écriaient tous ensemble en disant :
— Enlève-le [du monde] !
et relâche-nous Barabbas.
18 tandis que toute la foule ensemble cria disant :
— Enlève-le du monde !
et relâche-nous Barabbas.
23,19 (Lequel, à cause d'une sédition survenue dans la ville et d'un meurtre, avait été jeté en prison.)
23,20 De nouveau Pilate, qui voulait relâcher Jésus, leur adressa la parole.
23,21 Mais eux criaient plus fort, disant :
— Crucifie ! crucifie-le !
23,22 Pour la troisième fois, il leur dit :
— Quel mal a donc fait cet homme ?
Je n’ai trouvé en lui aucun motif de mort. Donc, après l'avoir châtié,
V Je le châtierai donc et je le relâcherai.
23,23 Mais eux insistaient à grandes voix, demandant qu’il fût crucifié
et leurs voix gagnaient en forceByz S TRet celles des grands prêtres.
23,24 Et Pilate prononça qu’il fût fait droit à leur demande.
23,25 Il relâcha
Vleur relâcha celui qui, pour sédition et meurtre
Vmeurtre et sédition, avait été jeté en prison,
et qu'ils réclamaient,
mais Jésus, il le livra à leur volonté.
23,25 Il relâcha
Vleur relâcha celui qui, pour sédition et meurtre
Vmeurtre et sédition, avait été jeté en prison,
et qu'ils réclamaient,
mais Jésus, il le livra à leur volonté.
23,26 Et comme ils l'emmenaient, ils saisirent un certain Simon de Cyrène, revenant d'un champ
Vde la campagne
et le chargèrent de porter la croix derrière Jésus.
23,27 Or, une Byz TR Nesnombreuse multitude du peupleByz TR Nes et de femmes le suivait,
lesquelles
Sainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.
27 Or, une grande foule de peuple et de femmes le suivaient,
se frappant la poitrine et se lamentant sur lui.
23,28 Se retournant vers elles, Jésus dit :
— Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi
mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
23,29 Parce que voici que viendront des jours où l’on dira :
— Heureuses les stériles, et les ventres qui n’ont pas enfanté et les seins qui n’ont point allaité !
23,30 Alors on commencera à dire aux montagnes : — Tombez sur nous !
et aux collines : — Couvrez-nous !
23,31 Car si l'on fait cela avec le bois vert, que sera-t-il fait au bois sec ?
23,32 Ils amenèrent aussi deux autres malfaiteurs pour être exécutés avec lui.
23,33 Et lorsqu’ils
Vaprès qu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne
ils le crucifièrent
ainsi que les malfaiteurs
Vvoleurs, l’un à droite, l’autre à gauche.
23,34 Jésus disait :
— Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.
Et, se partageant ses vêtements, ils jetèrent les sortsSsur eux.
23,35 Et le peuple se tenait là, regardant.
Les chefs aussi se moquaient Vavec eux en disant :
— Il en a sauvé d'autres :
qu’il se sauve lui-même
s’il est, lui, le Christ de Dieu, l’Élu
S, l’Élu de Dieu !
23,36 Les soldats aussi l'insultaient
s'approchant, ils lui offraient du vinaigre
23,37 en disant :
— Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même
Vsauve-toi !
23,38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui en caractères grecs, latins et hébreux :
« Celui-ci est le roi des Juifs. »
38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui en grec, en romain et en hébreu : Celui-ci est le roi des Juifs.
38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui :
Le roi des Juifs [est] celui-ci.
23,39 L’un des malfaiteurs
Vvoleurs suspendus
Vqui étaient pendus Savec lui en croix
blasphémait contre lui, disant :
— N’es-tu pas
Byz V S TR— Si tu es le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !
23,40 Mais, prenant la parole et le réprimandant, l’autre déclarait :
— Tu ne crains même pas Dieu
alors que tu es sous la même condamnation !
40 Mais l'autre, prenant la parole, le reprenait, disant :
— Tu ne crains pas Dieu
alors que tu es sous la même condamnation !
23,41 Pour nous, c’est justice ;
car nous recevons ce que nos actes méritent,
mais lui n’a rien fait de mal.
23,42 Et il disait Byz V S TRà Jésus :
— Jésus, souviens-toi
V— Seigneur, souviens-toi
Byz S TR— Souviens-toi de moiByz S TRSeigneur,
quand tu viendras dans ton royaume.
23,43 Et il
VEt Jésus
SJésus lui dit :
— Amen, je te le dis :
Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis.
23,44 C'était Nesdéjà environ la sixième heure
et survint une ténèbre
Vsurvinrent des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,
23,45 et le soleil fut obscurci,
et le voile du sanctuaire
Vtemple fut déchiré par le milieu.
45 et le soleil s’éclipsa,
et le voile du sanctuaire fut déchiré par le milieu.
23,46 Et criant d’une voix forte, Jésus dit :
— Père, entre tes mains je confie mon esprit.
Ayant dit cela, il expira.
23,47 Voyant ce qui était arrivé
le centurion glorifiait
Vglorifia Dieu en disant :
— Vraiment, cet homme était un juste !
23,48 Et toutes les foules, accourues ensemble à ce spectacle
ayant regardé ce qui était arrivé
se frappant la poitrine, s’en retournaient.
48 Et toute la foule de ceux qui assistaient à ce spectacle
et qui voyaient ce qui se passait,
s'en retournait en se frappant la poitrine.
23,49 Tous ses familiers
ainsi que des femmes qui l’avaient suivi depuis la Galilée
se tenaient au loin, regardant cela.
23,50 Et Byz V TR Nesvoici un homme, du nom de Joseph, qui était membre du conseil
Vdécurion
S, de Ramta, ville de Judée, c'était un homme bon et juste,
23,51 — celui-ci n’avait donné son accord ni à leur dessein ni à leur acte !
Vleurs actes ! —
il était d’Arimathie, ville des Juifs
Vde Judée,
et il attendait V lui-même le royaume de Dieu.
23,52 Celui-ci, venant
V vint vers Pilate, Vet réclama le corps de Jésus ;
23,53 Et l'ayant descendu, il l’enveloppa d’un linceul
Sdrap de lin
et le mit dans une tombe taillée dans le roc,
où personne encore n’avait été déposé.
23,54 Et c’était un jour de Préparation
et le sabbat commençait à luire.
23,55 Les femmes, ayant suivi Joseph,
S s'étant approchées,
elles qui étaient venues avec lui depuis la Galilée,
regardèrent le tombeau
et comment son corps y été déposé.
23,56 S’en retournant, elles préparèrent des aromates et des parfums.
Et pendant sabbat elles demeurèrent en repos selon le commandement.
24,1 Et le premier jour de la semaine, à l'aurore profonde,
Sà l'aurore, alors qu'il faisait encore sombre, elles vinrent au tombeau,
apportant les aromates qu’elles avaient préparés.
Byz S TRet il y avait avec elles d'autres femmes.
24,2 Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le tombeau.
24,3 Étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus
Sde Jésus.
24,4 Et il advint que, comme elles ne savaient qu'en penser,
voici que deux hommes se présentèrent à elles en habit éblouissant.
4 Et il advint que, comme elles étaient consternées par cela,
voici que deux hommes apparurent auprès d'elles en habits resplendissants.
24,5 Tandis que, saisies de crainte, elles tenaient leur visage baissé vers le sol
Velles baissaient le visage vers la terre, ils leur dirent :
— Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ?
24,6 Il n’est pas ici, Byz V TR Nesmais il est ressuscité.
Souvenez-vous comment il vous a parlé
quand il était Byz V TR Nesencore en Galilée,
24,7 disant :
— le Fils de l’homme doit être livré aux mains d’hommes pécheurs et être crucifié
et le troisième jour ressusciter.
24,8 Et elles se souvinrent de ses paroles.
24,9 Et, revenues du tombeau,
elles annoncèrent tout cela aux Onze et à tous les
Saux autres.
24,10 C’étaient la Magdaléenne Marie,
VMarie-Magdeleine, Jeanne
VJoanna, Marie Smère de Jacques
et les autres Vqui étaient avec elles,
qui rapportaient cela aux apôtres.
24,11 Mais ces paroles leur parurent comme du délire
et ils ne les croyaient pas.
24,12 Or Pierre,
SSimon, se levant, courut au tombeau
et, en se penchant,
Sregardant [à l'intérieur], il ne voit que les linceuls Byz V S TRposés seuls
et il s’en alla chez lui, s’étonnant
V, s’étonnant en lui-même de ce qui était arrivé.
24,13 Voici que, le même jour, deux d'entre eux se rendaient dans une ville
située à soixante stades de Jérusalem,
nommée Emmaüs.
24,14 Et ils causaient entre eux de tout ce qui s'était passé.
24,15 Et Byz V TR Nesil advint, comme ils s'entretenaient et discutaient Ventre eux,
Jésus lui-même, s’étant approché, Sles rencontra et, faisait route avec eux ;
24,16 mais leurs yeux étaient retenus, afin qu'ils ne le reconnussent pas.
24,17 Il leur dit :
— Quelles sont ces paroles que vous échangez en marchant, l'air triste.
17 Il leur dit :
— Quelles sont ces paroles que vous échangez en marchant ?
Et pourquoi êtes-vous tristes ?
17 Il leur dit :
— Quelles sont ces paroles que vous échangez en marchant ?
Et ils s’arrêtèrent, l'air triste.
24,18 Prenant la parole, l’un Byz V S TRd’eux, nommé Cléophas, lui dit :
— Tu es bien le seul à séjourner à
V Sétranger de Jérusalem
à ne pas savoir ce qui est arrivé ces jours-ci !
24,19 Et il leur dit : — Quoi ?
et ilsByz S TR Nes lui dirent :
— Ce qui concerne Jésus le Nazaréen,
Nes le Nazarénien,
Byz TR le Nazoréen,
Sde Nazareth qui fut un homme prophète, puissant en œuvre et en parole
S en parole et en œuvre devant Dieu et tout le peuple ;
24,20 comment aussi nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour une condamnation à mort
et l’ont crucifié.
24,21 Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait racheter Israël
mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées !
21 Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait racheter Israël
et cependant, après tout cela, voici déjà le troisième jour que ces choses sont arrivées !
24,22 Mais il est vrai quelques femmes qui sont des nôtres nous ont stupéfiés.
S'étant rendues de grand matin au tombeau,
22 À la vérité, quelques femmes des nôtres nous ont effrayés :
elles furent avant la lumière au tombeau,
24,23 et n’ayant pas trouvé son corps, elles vinrent en disant
qu’elles avaient vu des anges, en vision qui disent qu'il est vivant.
24,24 Certains de ceux qui étaient avec nous
VQuelques-uns des nôtres sont allés au tombeau
et le trouvèrent tel que les femmes l'avaient dit
mais lui, ils ne [l’]ont pas vu.
Vmais lui, ils ne le trouvèrent pas.
24,25 Et lui leur dit :
— Ô insensés et lents
Slourds de cœur à croire à tout ce qu’ont dit les prophètes !
24,26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela
pour entrer
Ventrer ainsi dans sa gloire ?
24,27 Et en commençant par Moïse et par tous les prophètes
il leur interpréta
Vinterprétait dans toutes les Écritures ce qui le concernait.
24,27 Et en commençant par Moïse et par tous les prophètes
il leur interpréta
Vinterprétait dans toutes les Écritures ce qui le concernait.
24,28 Ils approchèrent du village où ils se rendaient
et lui fit semblant
Vfeignit d'aller plus loin.
24,29 Mais ils le pressèrent en disant :
— Reste avec nous, car le soir vient et le jour est déjà sur son déclin.
Sle jour décline et s'assombrit.
Et il entra Vpour rester avec eux.
24,30 Et il advint que, comme il était à table avec eux,
ayant pris
Vil prit le pain, dit la bénédiction
Vle bénit, puis l'ayant rompu
Vle rompit, et il le leur présentait.
24,31 Et
SImmédiatement leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent
puis il ne leur devint plus visible
Vdisparut à leurs yeux
Sfut emporté.
24,32 Et ils se dirent l’un à l’autre :
— Notre cœur n’était-il pas brûlant
Spesant en nous
tandis qu'il nous parlait en chemin
et
Byz TRet quand il
Nesquand il nous ouvrait les Écritures ?
24,33 Et à l’heure même, s'étant levés
Vse levant ils s'en retournèrent à Jérusalem
et ils trouvèrent réunis les Onze et ceux qui étaient avec eux,
24,34 disant :
— C'est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon.
24,35 Et eux racontaient ce qui était arrivé en chemin
et comment il s'était fait connaître d'eux
Vils l'ont reconnu à la fraction du pain.
24,36 Tandis qu'ils parlaient de cela
Jésus
Neslui se tint au milieu d’eux et leur dit :
— Paix à vous !
36 Or, tandis qu'ils parlent de cela
Jésus se dressa au milieu d'eux et leur dit :
— Paix à vous ! c'est moi, n'ayez pas peur.
24,37 Mais eux, effrayés
Vtroublés et saisis de peur
Vépouvantés
pensaient voir un esprit.
24,38 Et il leur dit :
— Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi des réflexions [inquiètes]
Vces pensées s'élèvent-elles dans vos cœurs
Nesvotre cœur ?
24,39 Voyez mes mains et mes pieds : car je suis moi-même !
Palpez-moi
VTouchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous constatez
Vvoyez que j’ai.
24,40 Et ayant
Vlorsqu'il eut dit cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
24,41 Mais eux, à cause de la joie, ne croyant pas encore, et étant dans l'étonnement
il leur dit :
— Avez-vous ici quelque chose à manger ?
24,42 Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé
Byz V S TRet un rayon de miel.
24,43 Et l'ayant pris, il le mangea devant eux.
43 Et lorsqu'il eut mangé devant eux, prenant les restes, il les leur donna.
24,44 Il leur dit :
— Telles sont mes paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous :
Il faut
Vest nécessaire que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse et les Prophètes, et les Psaumes.
24,45 Alors il leur ouvrit l'intelligence pour qu'ils comprissent les Écritures
24,46 et il leur dit :
— Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait
Byz TRet ainsi fallait-il que le Christ souffrît et ressuscitât
Set ainsi était-il juste que le Christ souffrît et ressuscitât
Vet ainsi était-il opportun que le Christ souffrît et ressuscitât d'entre les morts le troisième jour,
24,47 et que serait
Byz V S TRfût proclamé en son nom le repentir pour
Vet la rémission des péchés à toutes les nations
à commencer par Jérusalem.
24,48 De cela vous êtes témoins.
24,49 Et Byz S TR Nesvoici que moi j'envoie sur vous la promesse de mon Père.
Quant à vous, demeurez dans la ville Byz S TRde Jérusalem
jusqu’à ce que vous soyez revêtus de puissance d’en haut.
24,50 Il les emmena [dehors]
V S TR dehors jusque vers Béthanie
et, levant ses mains, il les bénit.
24,51 Il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d’eux
et il était emporté au ciel.
24,52 Et eux, s'étant prosterné devant lui
Vl'ayant adoré, retournèrent à Jérusalem en grande joie.
24,53 Et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu. VAmen.
VICI FINIT L'ÉVANGILE SELON LUC
23,1–4 PARALITURGIE Chemin de croix : première station
Il est devant Pilate, mais il a le dos tourné à Pilate. Car la sentence vient d’être prononcée. Pilate, qui est représenté non pas en ecclésiastique comme on pourrait le croire, mais comme un juge. Un juge qui est aveugle : ce qu’il porte sur les yeux n’est pas le signe du bandeau de la justice dans son impartialité, il est vraiment aveugle, il a une canne blanche. Et l’actualité de l’événement du Christ est associée à l’actualité des hommes qui cherchent, à travers celui qui a entre ses mains un micro et qui regarde le Christ s’en aller vers la Passion, mis en scène, sous les projecteurs, sous les perches des micros, l’actualité de ceux qui cherchent la vérité. Mais « qu’est-ce que la vérité ? ». Face à la question de Pilate, la représentation met en scène des hommes et des femmes. Au plan stylistique, vous verrez : des visages ressemblent à des têtes inspirées du folklore populaire polonais, de ces têtes d’argile, de ces marionnettes polonaises. Mais prenons conscience qu’à côté de cette canne, il y a un homme à genoux et une jeune fille. Entre le Christ et cet homme dont le cierge est éteint, il y a cet agneau pascal qui est couché, et des femmes : une femme qui médite devant ce qu’elle vend, simplement deux écuelles de soupe ; et sous les projecteurs de l’actualité, le Christ s’en va, les yeux fermés, car la vérité ne saurait se dire, la vérité réellement va s’éprouver dans le don de cet homme-Dieu. (J.-M. N.)
23,24s PARALITURGIE Chemin de croix : première station
Il est devant Pilate, mais il a le dos tourné à Pilate. Car la sentence vient d’être prononcée. Pilate, qui est représenté non pas en ecclésiastique comme on pourrait le croire, mais comme un juge. Un juge qui est aveugle : ce qu’il porte sur les yeux n’est pas le signe du bandeau de la justice dans son impartialité, il est vraiment aveugle, il a une canne blanche. Et l’actualité de l’événement du Christ est associée à l’actualité des hommes qui cherchent, à travers celui qui a entre ses mains un micro et qui regarde le Christ s’en aller vers la Passion, mis en scène, sous les projecteurs, sous les perches des micros, l’actualité de ceux qui cherchent la vérité. Mais « qu’est-ce que la vérité ? ». Face à la question de Pilate, la représentation met en scène des hommes et des femmes. Au plan stylistique, vous verrez : des visages ressemblent à des têtes inspirées du folklore populaire polonais, de ces têtes d’argile, de ces marionnettes polonaises. Mais prenons conscience qu’à côté de cette canne, il y a un homme à genoux et une jeune fille. Entre le Christ et cet homme dont le cierge est éteint, il y a cet agneau pascal qui est couché, et des femmes : une femme qui médite devant ce qu’elle vend, simplement deux écuelles de soupe ; et sous les projecteurs de l’actualité, le Christ s’en va, les yeux fermés, car la vérité ne saurait se dire, la vérité réellement va s’éprouver dans le don de cet homme-Dieu. (J.-M. N.)
23,26 PARALITURGIE Chemin de croix : cinquième (et sixième) station
Les deux stations sont sur le même panneau sur le bas-côté gauche de la nef. Au bord du chemin, un homme et une femme viennent soulager Jésus. « Le Sauveur est debout, il n’en peut plus. Alors Simon de Cyrène, homme rude et bon, apparaît, l’entraîne, lui et sa Croix » (Bourgeois). L’artiste semble avoir prêté son propre visage à Simon de Cyrène (Ritter). Dans ce pays où il a traversé la guerre des tranchées et la perte de son fils de 17 ans, Desvallières a pris et prend encore sa part aux souffrances du Christ. Le docteur Vallon a visité l’atelier du peintre en 1931 et y a vu trois stations du futur Chemin de Croix d’Alsace dont celle-ci : « Ce fut alors seulement, que, convenablement préparé je me suis autorisé à contempler sur les ascétiques cimaises, blanchies à la chaux, les grandes toiles du Chemin de Croix de Georges [sic] Desvallières [...] Desvallières porte la Croix. Avec elle, il est tombé autant de fois que Jésus et il lui a suffi d’interroger sa propre douleur pour nous raconter (en quels termes poignants !) l’écrasement d’un homme par l’inhumain fardeau. Il a trébuché sur les pierres roulantes des chemins du Golgotha. Pendant que la charité du Cyrénéen le remplaçait, un instant, sous la Croix, il s’est étiré, comme Jésus, et la douleur de ses reins lui a arraché un sourd gémissement. Avec le Christ, il a gravi le Calvaire [...] » (Vallon). Plus loin après l’arche devant la ville de Jérusalem illuminée par un rayon de soleil, dans le prolongement, la sixième station représente alors une femme, Véronique, sous les traits de la maîtresse de maison qui accueille alors le peintre à Ruelisheim. Avec une compassion émouvante, elle essuie délicatement le visage de Jésus, « sa sueur et son sang. Pour trouver une foi de la qualité de celle-ci, il faudrait remonter le cours des âges, s’enfoncer, à tâtons, dans la nuit médiévale » (idem).
Le visage du Christ de douleur s’imprime lumineux, sur le voile de Véronique qui s’est avancée à travers les lances ennemies menaçantes sur le fond noir du ciel. La femme, qui vient d’accomplir son geste bienveillant, ferme les yeux devant la vision du supplice et renverse son visage en arrière. Cette grande scène rectangulaire invite le fidèle au recueillement et au courage : comme Véronique, il doit braver les dangers. Cette station se trouve « sous les fresques de Marguerite Hanin et de Melle Roisin qui célèbrent, à travers la figure de saint Bernard ou le Concordat de Worms, “ l’Église [qui] étend ses bienfaits à toute l’Europe ” » (Rinuy).
Jésus en son chemin passe par des espaces nouveaux, dans des villages, et ici un jour de mariage. Un mariage à la polonaise : tout à fait au fond, on voit une église, un couple de jeunes mariés : Il passe dans la vie, Il passe aussi dans la joie. Simon de Cyrène est issu du peuple. Il a une moustache, il a les cheveux blancs. Il y a des gens qui travaillent. Il y a même un violon, un violoniste qui joue ! Mais, pour quelques instants, la fête semble s’arrêter ; parce qu’il n’y a peut-être pas d’amour sans Passion, il n’y a pas de vie sans la réalité de ceux qui œuvrent, de cet homme au fond sur la gauche avec un béret, de cette petite fête de village, parmi les paysans qui sont endimanchés. Il y a en cette croix le bouquet de la mariée, et devant, tout à fait devant, au pied de Simon de Cyrène, une bouteille vide et un verre. Et à droite, il y a du pain, ce pain jeté à terre, ce pain Corps du Christ, ce sac de blé, de farine : le pain de la fraction, le pain du sacrifice, ce Pain qui avance, ce Pain de Vie qui au levain de la foi va donner la Vie. (J.-M. N.)
23,33 PARALITURGIE Chemin de croix : onzième station
Ici, c’est l’histoire de la Pologne durant la guerre et à travers ses martyrs : Jésus est cloué à la croix. Il manque les bourreaux. On a l’impression que le Christ lui-même se fixe sur cette croix ; il est cloué par la souffrance humaine et par le martyre des victimes ; il est cloué lorsque des êtres sont morts pour la Pologne, pour la patrie et pour la liberté. Il meurt avec ceux qui meurent, il meurt avec ceux qui sont en camp de concentration. Leur souvenir est le symbole de la voie polonaise conduisant à notre résurrection.
Derrière, au fond, on voit de face un wagon, représentant les trains de la mort ; on voit également ce qui n’est pas un cercueil mais le coffre d’une voiture, avec la plaque, à côté du cardinal Wyszynski, cet homme de haute stature.
C’est le coffre d’une voiture dans lequel se trouvait un prêtre, le P. Popieluszko. Ce prêtre a été assassiné en 1984, on s’en souvient tous. Il était l’Aumônier de Solidarnosc. Il est cette figure emblématique de la lutte pour la liberté et contre le régime communiste. Il avait été l’objet de plusieurs attentats ; un jour, on a fini par l’enlever dans le coffre d’une voiture, on a voulu lui donner une sévère leçon et il en est mort, et on l’a trouvé dans un réservoir de la Vistule quelques jours plus tard. Il a été béatifié par le pape Benoît XVI le 6 juin 2010. Nous avons d’autres personnages, pour dire la vérité de cette Passion : au centre, sous la croix où l’on voit toujours les rubans de la Pologne, blanc et rouge, il y a un homme qui s’avance vers son exécution. Mais un autre homme va prendre sa place.
Cet homme avec le vêtement des déportés, c’est le P. Maximilien Kolbe, ce franciscain conventuel qui a voué sa vie tout entière à la Vierge, à l’Immaculée Conception. Cet homme qui a traversé le monde et qui a créé des journaux, cet homme qui a donné sa vie pour un père de famille. L’histoire est encore plus forte : dans le camp de concentration d’Auschwitz, un homme s’est évadé, et il fallait des exécutions en représailles « dissuasives ». Une quinzaine allaient être exécutés et le P. Maximilien Kolbe s’est présenté, a négocié pour qu’on l’exécute à la place du père de famille, ce qui a été fait. Quand il était enfant, il avait eu la vision de la Vierge Marie qui, dit-il, lui aurait présenté deux couronnes : une blanche et une rouge. Encore les couleurs de la Pologne ! Mais en l’occurrence, la blancheur c’était la consécration de sa vie, le rouge c’était le martyre. Il a pris les deux ! Et cet homme qui avait voué sa vie à la Vierge a été exécuté le 14 août, et on l’a mis dans le four crématoire le 15 août ! Continuons dans ce chemin de l’horreur. Ils ne sont pas seuls, il y a tous ces êtres anonymes qui sont associés.
On a également le cardinal Wyszynski, cet homme qui a fait pape Jean-Paul II ! Alors que celui-ci voulait s’appeler Stanislas, le cardinal Wyszynski lui a dit : « Un pape polonais, c’est beaucoup. Stanislas, cela relève de la provocation ! ». Cet homme qui était lié d’une profonde amitié avec Jean-Paul II et qui plus d’une fois lui a dit « Arrêtez, n’en faites pas trop, pas trop vite ! », cet homme avait été emprisonné de 1953 à 1956 ; et dès qu’on a annoncé au pape Pie XII qu’il avait été emprisonné dans un camp pour lui remettre les idées en place, le pape l’a fait cardinal. Politiquement, c’était très fort car cela voulait dire que le gouvernement avait enfermé un « prince de l’Église » : attention au sens de « prince de l’Église », cela veut dire qu’il est un serviteur qui ira jusqu’au martyre, c’est pourquoi les cardinaux sont vêtus de rouge, ils doivent donner leur vie jusqu’au martyre. Le Christ ici a les yeux ouverts, c’est un état de conscience de ce qui se passe à travers les âges, au cœur de la vie. Au cœur de ces hommes et au cœur de ces femmes, de cette Présentation, de cette vieille femme sur la gauche, numérotée. Tous ceux et celles que l’on voit, ce n’est plus une procession, c’est la marche d’un massacre, au cœur des camps, au cœur de la Pologne. (J.-M. N.)
23,34 PARALITURGIE Chemin de croix : (neuvième et) dixième station
Les deux stations réunies couvrent une partie du bas-côté droit de la nef. Le Christ tombe, sur le globe terrestre, pour le monde entier, puis est dépouillé de ses vêtements par un bourreau. « De l’affaissement universel, seul, émerge le bourreau - bêtise et bassesse - la foule ! Il vient de dépouiller Jésus. Son ricanement insulte à la nudité minable de ce corps que blêmit et raidit une mort anticipée, acceptée. [...] En vérité, le peintre qui a équarri cette forme douloureuse a souffert, en son âme et sa chair. Il a souffert en peignant la Face effrayante et si douce, brouillée par la douleur, où s’enfoncent, à grands trous d’ombre, la bouche et les yeux. Il s’est substitué au Christ et il a prévu toutes les calamités, tous les maux qui allaient frapper l’homme. Car, dans un pieu, planté au premier plan de son Dépouillement de Jésus, j’ai salué une vieille connaissance, le piquet de réseau. Son obliquité, due sans doute à quelque éclatement voisin et l’enroulement d’une liane précisaient la ressemblance. J’ai interrogé l’artiste. Ainsi l’avait-il voulu. L’étroite et cruelle ressemblance du fil de fer barbelé et de l’épine était apparue, impérieusement, au commandant Desvallières, un jour que, dans une tranchée de première ligne, il ramassa cinquante centimètres de fil de fer barbelé, tressés en couronne. Il a connu, soudain, que ce symbole de la férocité humaine pouvait au front du Christ remplacer l’épine. Ceci l’a persuadé de ne pas séparer le meurtre de son Dieu du souvenir de l’affreuse tuerie. À propos de celui-là, il a évoqué celle-ci. Ce piquet, Jésus le prévoit et il ajoute à sa misère. » (Vallon) Oui, le peintre place, au premier plan à droite, le piquet de réseau de fil de fer barbelé des champs de bataille, façon de rappeler les souffrances des poilus, associées à la souffrance du Christ. Le large déploiement sur la gauche du grand manteau rouge, rappel de la pourpre impériale, sur lequel le corps blanc de Jésus se démarque, symbolise, malgré le ricanement du bourreau, la dignité du Seigneur dans l’épreuve.
Cette troisième chute du Christ lui semble fatale : Il est tombé face contre terre, et la Croix, bascule en avant, écrasant ses deux bras. Au loin, sur la gauche, la silhouette de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, symbole pour l’artiste croyant de la compassion du Christ à toutes les misères humaines, apparaît devant un coucher de soleil qui illumine tout le fond de la toile. Au-dessus, la grande fresque lumineuse d’André Meriel-Bussy représente quatre grands témoins chrétiens, sainte Jeanne d’Arc et saint Michel encadrés par sainte Catherine d’Alexandrie et sainte Marguerite. Une variante de cette scène, CR 2331, a été peinte par Desvallières où le décor à l’arrière-plan est foisonnant de détails. Cette autre version a été acquise dès l’origine par le musée du Luxembourg.
Une station absolument remarquable, qui remet dans un sens véritable l’adoration du Saint Sacrement : Jésus est dépouillé de ses vêtements, totalement. Le corps du Christ est associé au dépouillement total, de toute vie. Le Christ, lorsqu’il a été crucifié, était totalement nu. C’est la pudeur qui l’a fait représenter à travers les âges, avec ce qu’on appelle le perizonium, le pagne. Mais tous ceux qui étaient crucifiés étaient totalement nus. Il n’était pas question de pudeur. Cette nudité veut dire qu’il porte toutes les nudités des hommes, il porte toute la réalité de notre humanité. S’il est corps, il est corps dénudé, c’est-à-dire il est corps enfanté, il est corps de Dieu : un corps qui se présente à nous. Et le rapport entre l’hostie, le corps blanc, de cet ostensoir doré, ce qui est vénéré à travers le Corps du Christ, c’est sa Passion et le don de sa vie. De ce corps qui fut bafoué, au coeur de cette Fête-Dieu représentée sous le dais, l’artiste a associé à la fois la Passion et le Corps glorieux. Le Corps de Lumière, ce rayonnement qui préfigure déjà la résurrection, le soleil du petit matin du corps nu enseveli dans le tombeau. C’est le corps dénudé où s’accomplit l’enfantement de toute l’humanité ; c’est le corps dénudé du Christ. Comme le disait le cardinal Wojtyla devant le pape Paul VI lors de la retraite de 1976, « le Corps du Christ révèle la souffrance, il nous met face à nos douleurs et à nos souffrances pour participer pleinement et totalement à sa résurrection ». Effectivement, Jésus passe dans les processions de la Pologne, au milieu de ces bannières, pour qu’on n’oublie pas Celui qui a donné sa vie. (J.-M. N.)
23,38 PARALITURGIE Reliques de la passion : le titulus de Pilate PARALITURGIE Les reliques de la passion→
Depuis 1492, date de sa découverte lors de restaurations dans la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem à Rome (cachée dans une brique marquée TITVLVS CRVCIS), et 1496, date à laquelle le pape Alexandre VI le déclara authentique, on vénère à Rome une tablette de bois de noisetier portant une inscription, comme l’écriteau même placé sur la croix de Jésus. Part du trésor rassemblé par l’impératrice Hélène dans la chapelle de sa demeure devenue la basilique, elle y aurait été cachée vers 455 pour la protéger des invasions wisigothiques.
La tablette mesure 25 cm sur 14 cm ; son épaisseur est de 2,6 cm ; elle pèse 687 g et fut attaquée par divers parasites. Une des faces est grossièrement gravée de lettres sur trois lignes : sur la première, des caractères hébraïques très abîmés ; sur la deuxième et sur la troisième, des mots grecs et latins.
Plusieurs paléographes et épigraphistes concluent à une certaine authenticité.
Cf.
Maria-Luisa, Il titolo della croce di Gesù. Confronto tra i vangeli e la tavoletta-reliquia della basilica Eleniana a Roma (Tesi Gregoriana. Serie teologia 100), Rome : Editrice Pontificia Università Gregoriana, 2005.Cet objet est-il un morceau de l'écriteau authentique du Christ ? La datation au carbone 14 donne le 11e s. comme période probable (cf. titulus originel.
Francesco et Carlo, « 14C Dating of the 'Titulus Crucis' », Radiocarbon 44 [2002] 685-689). Si la tablette n’est pas originelle, c’est peut-être une réplique scrupuleuse d'un fragment duElle constituerait ainsi le premier témoignage écrit sur Jésus.
23,44–48 PARALITURGIE Chemin de croix : douzième station
Jésus meurt sur la croix : il est étendu sur la croix, et il est étendu sur la Pologne ; sur toute l’histoire de la Pologne. Ce qui va des premiers martyrs jusqu’à Jean-Paul II. L’artiste meurt en 2004 ; Jean-Paul II est mort en 2005. Et lorsqu’on voit Jean-Paul II au pied de la croix, ce n’est pas simplement un portrait de Jean-Paul II, c’est le portrait de l’Eglise ; et la multitude de croix, ce foisonnement de croix au fond, manifeste que tous ceux qui sont saints et tous ceux qui sont baptisés portent la croix. Et toujours Marie au pied de la croix : l’icône de Notre Dame de Czestochowa. Il y a une intelligence de cette présence, de cette vie et de ce Christ dont le sang coule toujours sur ce peuple ; et ce peuple a aussi, avec d’autres, versé son sang pour la patrie. C’est donc effectivement le Golgotha de Jasna Gora, le Golgotha du sanctuaire de la Pologne. Comme disait Jean-Paul II, Jasna Gora, le sanctuaire, c’est le lieu de la liberté des Polonais. Tout est mêlé, associé : on voit Saint Venceslas, on voit la multitude des saints et des saintes, des ermites, des pasteurs, des prêtres, des fidèles qui sont là, tout le peuple est en marche parce qu’une nation n’existe qu’à travers et que par son histoire. Et Marie dans sa fidélité associe cette présence, où l’Emmanuel qu’elle porte, cet enfant Jésus, prouve sa révélation dans la croix. (J.-M. N.)
23,46 CHANT GRÉGORIEN Répons Tenebrae
Ce célèbre répons, simple récit de la mort de Jésus pris dans l’Évangile, est un pur chef-d’œuvre musical où s’expriment, avec force et simplicité, l’angoisse du cri vers Dieu et la paix confiante du dernier instant. C’est un triptyque dramatique : deux récitatifs très ornés encadrent le cri angoissé du Seigneur.
(1) Le 1er chante simplement le fait de l’enténèbrement de l’univers ; puis sa mélodie monte (et circa horam nonam), se charge de neumes, de la lourde répétition mélodique de voce magna : quelque chose se prépare !
(2) Coupure nette : attaque brusque à la sixte supérieure à Deus meus (intervalle assez rare), montée à la quarte, ce qui fait un intervalle presque direct de neuvième. Cri — ineffable douleur morale du Seigneur se sentant abandonné de tous, même de son Père dont il est pourtant le Verbe inséparable ! — La voix ne s’appesantit pas sur ce porrectus, bondit au sol aigu à atteindre aussi doucement que possible. Puis elle en appelle douloureusement au Père : ut quid me dereliquisti, d’un accent si chaud, si aimant qui se pose sur le si, donnant l’impression de quelque chose qui ne finit pas. Silence.
(3) Le récit reprend. Attaque sur le fa, par un triton direct, pianissimo, accusant le changement de modalité. La courbe mélodique de et inclinato capite imite le mouvement de la tête qui doucement s’incline. Grande montée douce sur emisit spiritum, et retombée de quinte sur la tonique.
23,50 PARALITURGIE Chemin de croix : treizième station, Jésus est descendu de la croix
La descente de Croix de l’église, couvrant une partie du bas-côté droit de la nef, révèle l’« horreur tragique » (Ritter). Au pied de la Croix, Marie-Madeleine, tend ses mains jointes vers Jésus, et Marie, évanouie, tombe, la face douloureuse renversée vers son Fils dont le visage invisible est volontairement tourné vers la Croix. La toile est exposée au Salon des Tuileries et remarquée par tous les critiques avant de partir à Wittenheim. « Simple hasard, évidemment, mais enfin il n’y a que peu d’œuvres proprement religieuses au Salon des Tuileries. Peu d’œuvres... et toutefois deux chefs-d’œuvre nous arrêtent dès l’entrée. Ce sont deux panneaux de notre grand et cher Desvallières, stations d’un Chemin de Croix pour une église d’Alsace ». Maurice Brillant rappelle les deux toiles découvertes au dernier Salon d’automne. Maurice Denis choisit d’illustrer, entre autres son livre Histoire du monde religieux avec cette station peinte par Desvallières à propos duquel il écrit : « Au courant Romantique, celui qui s’apparente au baroque, au Greco, à la piété espagnole, impossible de ne pas y rattacher l’oeuvre immense de George Desvallières, le représentant génial du lyrisme et du mysticisme d’après-guerre, l’un des plus grands noms de l’art d’aujourd’hui. Il avait peint un Christ à la colonne, un Sacré-Cœur pathétique comme un Grünewald. Mais c’est après quatre années de vie héroïque face à l’ennemi dans un secteur des Vosges, qu’il a peint son Drapeau de Sacré-Cœur (à Verneuil-sur-Avre), plusieurs ex-voto, plusieurs Chemins de Croix. » (Denis, 1939, p. 297)
Cette station pathétique se déploie sous la grande fresque d’A.-H.
, L’Église qui anime l’ordre social par la charité. Après sa mort, le Christ est descendu de la croix avec des cordes dans une composition mêlant l’horizontalité du corps de Jésus à la verticalité des échelles et des pieds des deux croix. Comme à Wittenheim les deux bras pendants du Christ encadrent la figure de sa mère. La Vierge de douleur montre son visage de face, alors que Marie-Madeleine renverse sa tête vers l’arrière et saint Jean soutient le corps du Christ à côté d’elle.Il y a là une idée spirituelle de génie, où l'on retrouve l’icône de Notre-Dame de Czestochowa : c’est le thème de la Pietà, c’est à-dire la descente de croix, où Marie porte le Christ soutenu sous les aisselles par une main qui sort de l’icône : Marie donne cette main, alors que de cette main elle montrait l’enfant Jésus, pour révéler que cet Emmanuel, c’est Dieu au milieu de ce peuple. Et la tête du Christ mort est à la place de l’enfant, avec son auréole ! Un ermite blanc, tonsuré, soutient l’icône : le sanctuaire de Czestochowa est confié à un ordre religieux, les Paulins, et c’est l’habit de chœur des Paulins. Et l’on voit des soldats, derrière, et aussi un soldat à genoux, avec le sabre dans son dos : il risque d’être exécuté… Mais il y a des soldats qui ressemblent à des cadavres, des soldats morts, exécutés.
Le Christ regarde, il porte tout cela, il porte à la fois ceux qui exécutent et ceux qui meurent. C’est bien pour cela que lorsqu’on prie pour les victimes, il faut aussi prier pour les bourreaux, pour leur conversion. La main tendue de cette Mère qui présente le Christ est prière, et lorsqu’on prie Notre Dame de Czestochowa, on prie à travers et par tout ce chemin de croix.
Ainsi les choses s’accomplissent, ainsi la vie se révèle, ainsi tout se dit : Marie est là, Marie est présente, mais ce n’est pas que Marie, c’est Marie mère de Dieu et mère de l’Église, et c’est l’Église qui porte le Christ souffrant, pour porter toute souffrance. (J.-M. N.)
23,53–56 PARALITURGIE Chemin de croix : quatorzième station, Jésus est mis au tombeau
Le Christ au tombeau : dans quel tombeau ? Il est dans le tombeau des camps de concentration. On y voit les fils barbelés ; on y voit les livres qui ont été brûlés, des livres où l’on a voulu effacer la mémoire de la vie. Des cierges entourent Celui qui est au tombeau, enfoui dans l’horreur de cette humanité. Dans ce fatras de piliers qui encerclaient les hommes à l’intérieur des camps et dont plusieurs ont la forme de croix, tout s’écroule, mais aussi tout se libère. Car c’est bien dans le tombeau que tout se libère. Aujourd’hui au cimetière polonais d’Oswiecim, c’est la montagne des croix profanes : on voit une montagne où sont plantées une succession de croix, de croix qui disent la vie des êtres, de communautés, l’histoire de ceux et de celles qui ont combattu pour la liberté, des croix que l’on dépose encore. Les croix de la mémoire qui ne sont pas simplement un enfouissement au cœur de la mort, parce que si on regarde une croix, c’est parce qu’on a foi en la résurrection : on ne croit pas en un Dieu mort mais en un Dieu vivant ! Ce troisième jour, « ô mort, où est ta victoire ? » ; « En mourant il a détruit notre mort et en ressuscitant il nous a redonné la vie ». (J.-M. N.)
24,1–11 Représentations du Ressuscité
Une très vieille homélie anonyme de la vigile de Pâques (pseudo-Épiphane, Homélie pour le Samedi Saint, cité selon
, Dieu et l’homme d’aujourd’hui, 1956) décrit cette descente du Christ aux enfers :« Adam, en tant que premier père et premier créé de tous les hommes, et en tant que premier mortel, lui qui avait été tenu captif plus profondément que tous les autres, et avec le plus grand soin, il entendit le premier le bruit des pas du Seigneur, qui venait vers les prisonniers. Et il reconnut la voix de celui qui cheminait dans la prison, et, s’adressant à tous ceux qui étaient enchaînés avec lui depuis le commencement du monde, il parla : — J’entends les pas de quelqu’un qui vient vers nous ! Et pendant qu’il parlait, le Seigneur entra, tenant les armes victorieuses de la croix. […] Et lui ayant saisi la main, il lui dit : — Tiens-toi debout, toi qui dormais, lève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Je suis ton Dieu et, à cause de toi, je suis devenu ton Fils. Lèves-toi, toi qui dormais car je ne t’ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l’enfer. Surgis d’entre les morts, je suis la Vie des morts. Lève-toi, toi l’œuvre de mes mains, toi, mon effigie, qui a été faite à mon image […] Regarde sur mon visage les crachats que j’ai reçus pour toi, afin de te replacer dans l’antique paradis. Regarde sur mes joues la trace des soufflets que j’ai subis pour rétablir en mon image ta beauté détruite. Regarde mes mains qui ont été solidement clouées au bois, à cause de toi, qui autrefois a mal étendu tes mains vers le bois. […] Lève-toi et partons d’ici, de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière éternelle. Levez-vous et partons d’ici et allons de la douleur à la joie, des chaînes à la liberté, de la captivité aux délices du paradis, de la terre au ciel. Mon Père céleste attend la brebis perdue, un trône de chérubin est prêt, les porteurs sont debout et attendent, la salle des noces est préparée. Les trésors de tout bien sont ouverts, le royaume des cieux qui existait avant tout les siècles vous attend. »
Pour retrouver une spiritualité moins doloriste, plus authentiquement pascale, de nombreux artistes occidentaux ne s'arrêtent pas à la mise au tombeau de Jésus et ajoutent des stations à la dévotion si populaire du →chemin de croix.
Et voici la station de la Résurrection : Jésus est vivant ! Il est vivant au milieu de cette constellation, de cet univers. De haut en bas, d’un vêtement blanc, de la gloire de cette blancheur ineffable, il bénit la Pologne, tout le peuple. Le Christ s’incorpore au corps de la nation ; de cette force et de ce regard, de cette intensité et de cette puissance. Mais l’artiste va encore poursuivre le commentaire. Et là, il va dépasser les stations traditionnelles d’un chemin de croix. (J.-M. N.)
24,50s PARALITURGIE Chemin de croix : une station inattendue Dans la volonté contemporaine de refonder les dévotions populaires dans leurs substrats bibliques, et d'éviter l'écueil du dolorisme, le chemin de croix du peintre Jerzy Duda-Gracz (1941–2004) à Jasna Gora→ ajoute l'Ascension à la méditation de la Passion glorieuse du Seigneur.
Jésus termine son séjour terrestre et s’élève au ciel : là où se tient le Christ, soleil levant au centre des cieux et au centre du ciel humain. Il est là représenté de la même façon qu’il était devant Pilate, dans la première station. Dans l’ultime aussi, il ferme les yeux, afin que nous nous souvenions de lui non pas comme d’un juge mais de celui qui délivre et qui fait entrer l’humanité dans la maison du Père, dans cette maison commune ; et cette Ascension se passe où ? Sur la « Montagne claire », « Jasna Gora », du sanctuaire de Notre Dame de Czestochowa. Parce que derrière, c’est le sanctuaire de Notre Dame de Czestochowa. Il y a une multitude de gens, une foule de pèlerins, de ces hommes et de ces femmes qui, au cœur de leur pèlerinage, revivent la Passion de l’espérance, la Passion d’une nation, la Passion de Notre Dame de Czestochowa, Notre Dame de Jasna Gora. La porte du ciel, chemin vers la Jérusalem céleste. Et ce ne sont pas seulement des paroles, mais c’est toute l’histoire d’un peuple et l’histoire en quelque sorte dit cette preuve éprouvée d’une nation tout entière et d’une humanité toute réunie. Car dans cette ville, il y a quelque chose du ciel, et quelque chose de l’offrande de la terre, qui s’y rencontrent. Il y a en ce lieu effectivement une terre de bénédiction, une terre de présence, comme il y a un lieu de vie. Le chemin d’une nation : Lourdes, c’est le chemin avec et au milieu des malades ; ici, c’est l’histoire d’une vie donnée c’est l’histoire d’un peuple tout entier, qui a su vivre, qui a su survivre grâce à la foi ! (J.-M. N.)
23,1–7 Le Christ devant Pilate
Le peintre néoclassique représente dans une œuvre presque grandeur nature ce passage de l'Évangile. L'angle est original : nous sommes dans le palais de Pilate. Au premier plan, à droite, la femme de Pilate se détourne tristement : elle a tenté d'empêcher cela en racontant à son mari le rêve qu'elle a eu au sujet de Jésus, mais en vain. Les lignes de fuite, bien que discrètes parce que liées aux architectures de l'arrière plan, attirent le regard vers le point signifiant toute l'intensité dramatique du moment : l'espace situé entre le corps de Jésus et la main de Pilate, cette main qui livre, et qui prétend se laver du crime.
Mt 27,59 ; Jn 19,40 ; Lc 23,53 ; Mc 15,46 l'enveloppa d'un drap Saint Suaire
Au centre, accompagnée de l'inscription Il verissimo ritratto del Santissimo Sudario (représentation véridique du Saint Suaire), se trouve une reproduction fidèle de la relique contenue dans le reliquaire : le fameux linceul dans lequel le Christ aurait été enveloppé avant d'être mis au tombeau. À gauche, la colonne de la flagellation ; à droite, la croix ainsi que deux des instruments de la Passion, l'éponge au bout du la branche d'hysope et la lance de laquelle un soldat aurait transpercé le corps du Christ selon Jn 19,34.
24,29–35 Les pèlerins d'Emmaüs
Cette fresque du couvent San Marco se trouve au-dessus de la porte de l’hôtellerie des pèlerins. L’une des vocations des Dominicains était de les héberger. Le Christ est reçu par deux frères qui, en habit de leur Ordre, lui serrent le poignet et l’épaule : ce contact des mains, cette réalité physique, montre la tangible Présence du Ressuscité. Pour accentuer la profondeur du lien qui se tisse entre les protagonistes, Fra Angelico a donné aux regards une intensité qui manifeste la force de cette Présence et traduit l’au-delà de cette rencontre. Ces visages témoignent du sourire ineffable de la tendresse d’un Dieu d’Amour présent en tout homme. « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que l’avez fait » : Mystère de l’identification du Seigneur à celui qui est pauvre et sans pouvoir. « Dieu existe, je l’ai rencontré », en mon frère… Cette expérience de Dieu, nous pouvons la vivre à chaque instant de notre vie. Il ne s’agit pas de chercher Dieu en levant les yeux au ciel, mais dans le regard de ses frères. Ces échanges font passer du dedans au dehors, et la foi se déploie en don d’Amour. Recevoir l’autre, c’est la respiration de la foi. Dans ce face à face, le Christ s’abaisse jusqu’à se confier à nous, ainsi peut-on vraiment découvrir Dieu comme une personne. La rencontre interpersonnelle est chemin de Lumière : le Christ Ressuscité marche avec nous, comme avec les disciples d’Emmaüs. Notre cœur n’est-il pas « tout brûlant… » ? Devenir ces pèlerins de l’Espérance pour accueillir toutes vies… (J.-M. N.)
Avec une gourmandise que l'on connaissait ailleurs (Arts visuels Lc 10,38–42), Joachim Beuckeleer prend prétexte de la scène d'auberge pour exhiber les biens de la terre, peut-être en action de grâce — « eucharistie » — à leur Créateur, Jésus et les disciples apparaissant à l'arrière plan, sous l'arche d'entrée.
L'instant de la reconnaissance coïncide avec le moment de la disparition. C’est ce moment qui est représenté. Le Christ est déjà en train d’échapper à leurs regards, il ressemble à une silhouette, à une ombre portée qui se découperait sur le mur derrière lui.
La composition est à la fois violente et paisible. Les deux hommes n’en sont pas au même stade de la reconnaissance. L’homme à genoux au premier plan, presque invisible, avec sa chaise renversée en bas à gauche, s’est déjà jeté aux pieds du Christ. L’autre est encore figé, dans un mouvement de surprise qui fait basculer les coupes sur la table. Il n’ose en croire ses yeux. Dans l’évangile, nous n’avons le nom que de l’un des deux. L’autre, c’est nous. Sur ce tableau, lequel sommes-nous ? Qu’attendons-nous pour nous jeter aux pieds du Christ ?
Les lignes de fuite dirigent le regard vers la table. Ce n’est pas le Christ qui est au centre, mais les coupes.
Et c’est bien une messe que le Christ vient de célébrer : on, retrouve dans le passage de Luc les grandes étapes de la messe : sur le chemin, Jésus les pousse à l’aveu de leur déception, peut-être une forme de liturgie pénitentielle, puis il les enseigne, dévoile la Parole, fait les liens entre Ancien Testament et ce qu’il a accompli : c’est bien ce que fait la messe lors de la liturgie de la parole, avec les lectures et l’homélie du prêtre. Puis il entre avec eux et rompt le pain : c’est la liturgie eucharistique. Enfin, il y a l’envoi en mission implicite (Mc 16,15-20), évoqué par le sac de voyage suspendu au centre du tableau, au-dessus de la tête du pèlerin et de la table : la Bonne Nouvelle invite à se mettre en route, à partir en mission. Aujourd’hui, on les appelle « les pèlerins », mais ils le sont devenus par leur rencontre avec le Christ ! Lorsqu’il les rejoint au départ, ils errent sans but (au mieux) et au pire, ils s’éloignent de Jérusalem pour s’éloigner des possibles persécutions. C’est cette rencontre qui leur donne un but, une destination, une mission, et qui transforme leur errance en pèlerinage. « À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. » (Lc 24,33) Ils retournent d’où ils viennent (comme Pierre à la fin de sa vie comprend qu’il doit retourner à Rome), à Jérusalem : l’Eucharistie va leur donner la force d’entreprendre le voyage, de vaincre leurs peurs et de retourner dans la ville sainte.
Au fond, la femme qui s’affaire (une servante de l’auberge ?) peut être mise en parallèle, par sa position courbée, avec l’homme du premier plan agenouillé aux pieds du Christ. Cela peut faire penser au passage de Marthe et Marie (Lc 10,38-42). Mais ici la servante est vraiment en train de tout manquer parce qu’elle est affairée, plongée dans ses propres occupations. À supposer qu’elle soit en train de faire la cuisine, elle a renoncé à être nourrie par la seule nourriture qui rassasie véritablement !
L’homme du premier plan se confond quasiment avec la silhouette sombre du Christ : les contours ne permettent pas de les distinguer aisément. Par la communion, il est uni au Christ : le pain s’intègre à son corps et lui-même est introduit dans le Christ. Il fait partie de son corps vivant, qu’est l’Église (liens entre corps ecclésial et corps sacramentel). La communion n’est pas un acte purement individuel : en le recevant nous communions aussi au mystère de l’Eglise. Le geste auquel ils le reconnaissent, c’est la fraction du pain. On rompt le pain pour la partager.
Il y a également une dimension mystique : au « soleil de Satan », préférer les ténèbres du Très-Haut et choisir « cette nuit de la foi aimante qui est surnaturelle et d'autant plus forte que l'acte de foi se pose dans la faiblesse et l'obscurité » (Fabrice
, La foi des démons, 2009).Sans disqualifier l’action qui est, avec la contemplation, une composante de l’Église, la femme occupée est en arrière-plan, alors que l’homme en adoration est au premier plan : toute action tire sa source de la prière, de l’union au Christ. Si l'on oublie de la relier à l’arbre de vie, elle court le risque de se dessécher très vite et de rester sans fruit.
D’habitude, on met en valeur les saints par des vêtements aux couleurs primaires fortes (rouge et bleu en général). Ici, ni rouge, ni bleu, mais des couleurs simples et sobres, surtout des ocres. Simplicité du cadre de l’auberge (une pauvre cloison de planches et un soubassement de plâtre). Ce mur fait d’ailleurs penser au mur de l’atelier de Rembrandt dans lequel il s’est peint la même année : le Christ vient nous rejoindre dans la pauvreté de notre quotidien. Avec son caractère intime (le peu de personnages par rapport à la version de
au Louvre par exemple), le tableau met l’accent sur la simplicité de la rencontre avec le Christ : une petite auberge, deux hommes, une modeste servante au fond qui ne leur prête pas attention... Jésus ressuscité aurait pu trouver un cadre plus spectaculaire pour une de ses premières apparitions ! Mais non. Il se dérange pour ces deux hommes, dont seulement un est nommé. L’autre, c’est chacun de nous, invité à venir rencontrer le Christ dans l’humilité de la messe, à accepter de rentrer dans ce mystère de la présence réelle, incompréhensible pour les sens. Loin des paillettes et d’une clarté univoque, nous devons accepter d’entrer dans l’obscurité des sens : on va à la messe, en sachant qu’on est infiniment dépassé par ce qui va se dérouler sous nos yeux.Rembrandt utilise ici comme souvent le procédé du clair-obscur. C’est le soir qu’a lieu la scène (« déjà le jour baisse »). Il fait nuit. D’où vient la lumière ? Il y a celle d’une lampe ou d’un four au fond. Mais la lumière qui envahit le premier plan n’est pas une lumière naturelle ou artificielle (il n’y pas de lampe ni de fenêtre), mais surnaturelle ! C’est le Christ, lumière du monde ! Cette lumière vient dissiper les ténèbres dans lesquels ils se trouvaient : ténèbres de l’incompréhension (« esprits sans intelligence ») et du désespoir : « tout tristes » : encore sous le choc de la mort de celui qu’ils appelaient leur sauveur, il est là ressuscité devant eux ! C’est la joie de la Bonne Nouvelle qui les envahit. la lumière ne vient cependant pas du Christ dans son corps physique, qui est en contre-jour, mais de derrière lui. Elle vient de la table de l’auberge, devenue autel, des espèces consacrées. Le Christ s’efface, disparaît au profit du pain et du vin. Il est bien présent au milieu d’eux. « Il entra donc pour rester avec eux » (Lc 24,29): cela peut sembler paradoxal puisque cinq minutes plus tard il disparaît à leurs yeux... Mais en fait il reste bel et bien, par la présence réelle dans le pain et le vin consacrés.
Le Christ est en contre-jour. La rencontre avec les pèlerins d’Emmaüs se situe entre la découverte du tombeau vide et l’apparition aux Apôtres réunis. Le Christ est ressuscité, c’est son corps glorieux. Représenter un corps glorieux en peinture... sacré défi ! Regarder Dieu, c’est toujours un risque. Dans l'Ancien Testament, Dieu se cache dans la nuée, parce que sa vue est trop éblouissante pour nous. Il préfère se dévoiler et se laisser adorer dans l’humilité d’un bout de pain et d’un peu de vin.
23,34–46 Les sept paroles du Christ en croix
La solitude de Jésus sur la croix est traduite dans l'effectif de cette composition: un violon (ou alto) non-accompagné, abandonné par tout le monde, sans contact avec la terre. La pièce suit les sept dernières paroles à travers sept miniatures. Un "motif de croix" reconnaissable sert comme ponctuation entre les paroles: un accord très court et fort (verticalité) suivi d'une longue seconde soutenue douce (horizontalité).
La première parole (Lc 23,34: "Père, pardonne-leur ...") est un jeu très virtuose, diabolique, on dirait fou, dépeignant ceux qui "ne savent pas ce qu’ils font."
Dans la deuxième (Lc 23,43: "... aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.") deux voix chantent librement et paisiblement ensemble.
La jonction de la Mère et du disciple (Jn 19,26-27: troisième parole) se traduit en une valse noble, intime, pleine d'une joie intérieure.
Apogée et centre pivot des sept paroles, la quatrième parole "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?" (voir aussi Mc 15,34 et Ps 22,2) est mis en musique en glissandi répétés de dissonants criants dans le suraigu.
"J'ai soif" (Jn 19,28: cinquième parole) est évoqué par des sons expérimentaux, imitant des gémissements et des souffles secs.
"Tout est accompli" (Jn 19,30: sixième parole) est reflété par seulement quelques harmoniques, ne donnant que les contours d'une mélodie presque évaporée.
La septième parole (Lc 23,46: "Père, entre tes mains je remets mon esprit." - voir aussi Ps 31,6) est une mélodie sereine, dépassionnée.
Motets en latin sur les sept dernières paroles du Christ en croix. Contrairement aux «The Seven Last Words» qui sont très atonaux et expressionnistes, les «Septem verba Christi» sont dans un langage néo-modal.
La première parole (Lc 23,34: "Père, pardonne-leur ..."; "Pater, dimitte illis ...") se concentre sur la proclamation tranquille, paisible du texte.
La deuxième (Lc 23,43: "... aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis."; "... Hodie mecum eris in Paradiso") est plus mélismatique, évoquant l'atmosphère céleste.
La jonction de la Mère et du disciple (Jn 19,26-27: troisième parole) devient évident avec des mélismes à deux voix, un fleuve tranquille de deux mélodies qui coulent ensemble.
La quatrième parole "Deus meus, ut quid dereliquisti me?" (voir aussi Mc 15,34 et Ps 22,2) est le centre pivot des sept paroles. C'est pourquoi elle est traitée de manière spéciale, c'est-à-dire dans un langage plus atonal, donnant expression aux mots dramatiques de Jésus. Les dynamiques sont également plutôt dans le forte, tandis que les autres se situent dans les dynamiques douces.
"J'ai soif" (Jn 19,28: cinquième parole) n'est en latin qu'un seul mot: sitio. Des quintes ouvertes et une pédale sur "si" (à la fois la syllabe et la note musicale) créent une atmosphère de désert.
"Tout est accompli", "consummatum est" (Jn 19,30: sixième parole) est une longue séquence d'harmonies qui glissent de manière chromatique en bas.
La septième parole (Lc 23,46: "Père, entre tes mains je remets mon esprit."; "Pater, in manus tuas comendo spiritum meum." - voir aussi Ps 31,6) reprend la musique de la première parole, les deux commencant par l'acclamation "Pater".
23,43 Aujourd'hui tu seras avec moi L'espérance au cœur du memento mori de Jean-Sébastien Bach : son Actus Tragicus (BWV 106) Cette parole joue un rôle-clé dans la cantate de Jean-Sébastien Bach nommée Actus Tragicus (BWV 106). Presque à la fin de cet étonnant memento mori, composé à Mühlhausen entre septembre 1707 et juin 1708, alors qu'il était âgé d'à peine vingt-deux ans, la promesse de Jésus résonne comme une promesse de bonheur ultime.
0:00 Sonatine — 2:42 Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (Chœur) — 4:49 Ach, Herr, Lehre uns bedenken (Arioso) — 7:06 Bestelle dein Haus (Aria) — 8:11 Es ist der alte Bund (Chœur et arioso) — 12:00 In deine Hände (Aria) — 14:19 Heute wirst du mit mir im Paradies sein (Arioso) — 17:55 Glorie, Lob, Ehr und Herrlichkeit (Chœur).
Elle comprend deux parties : la première envisage la mort du point de vue de l'Ancien Testament ; la seconde, du point de vue du Nouveau. La séparation de l'ancienne et de la nouvelle alliance détermine la structure symétrique de la cantate.